Comment la décrire mentalement ? Hm, vous posez une colle, là... Je sais !
Pétronille est indéniablement bonne parleuse et convaincante dans ses mensonges... Quoique, ce n'est pas vraiment une qualité... Bref ! Elle est joviale et Carpe Diem, pour camoufler sa peur de la mort. Maligne, imaginative, fantasque même parfois, elle dira tout et son contraire avec une fausse sincérité étonnante. Cependant, malgré ses qualités douteuses, elle tient toujours ses engagements : une dette ou une promesse ? Réglée le plus vite possible ! Perfectionniste ? Oui, elle l'est. Pétronille peut répéter plusieurs fois un mensonge devant un miroir pour le rendre le plus crédible possible.
Pétronille est orgueilleuse, envieuse et colérique. Trois péchés capitaux, dès la première ligne... On commence bien. Elle panique vite aussi : au moindre doute, au moindre mauvais pressentiment, elle s'angoisse, elle stresse puis s'enfuit. Elle est aussi violente quand elle s'énerve avec coups, griffures, morsure et autres choses réjouissantes. Surtout, sa tare la plus insupportable doit être sa tendance à l'alcool. Quand elle boit, elle boit, elle boit, elle boit ! Jusqu'à l'ivresse profonde, jusqu'à ce que sa salive devienne bière et cervoise de mauvaise qualité.
Elle n'aime pas les nains. Faut pas chercher, parfois.
BIOGRAPHIE
Un jour ensoleillé de la saison des fraises, dans l'arrière-boutique d'une échoppe de Vol-au-Vent, il y avait une femme et un homme fraîchement mariés. Cette échoppe, située dans une rue commerçante, s'appelait Paperin Parchemins, et se nome toujours comme cela d'ailleurs. Un petit magasin familial sans prétention de papier, d'encres et de plumes.
Ce couple de jeunes époux, c'était Marisia et Grynt Paperin, les propriétaires. Et, en ce jour ensoleillé de la saison des fraises, Marisia accouchait du premier enfant du couple.
« Ô Aminka, déesse de toutes choses, faites que ce soi un fils ! pria Grynt en se rongeant les sangs pour sa femme.
Son épouse ne répliqua pas, trop occupée à pousser sous les indications de son vieux médecin qui l'assistait.
Enfin, non pas un mais bien deux petits corps sortirent en braillant de celui de la fée. Deux filles. Ô mes dieux... Des jumelles.
- Félicitations, ce sont deux magnifiques fillettes ! lança l'homme de santé en nettoyant les nourrissons. Vous les prenez ou pas ?
- On les prend, souffla le nouveau père, déçu.
- Donnez-les-moi, soupira à bout de force la jeune maman.
On lui obéit. Elle regarda bien attentivement ses enfants, puis, en souriant, elle annonça :
- L'aînée vivra soixante ans, la cadette deux de plus.
- Les noms je vous prie ?
- Celle aux yeux noirs... Hisolda... L'autre, aux yeux turquoises... Pétronille, dit Marisia.
- Ô mes dieux... Des filles », conclut Grynt en s'épongeant le front.
Marisia serra contre sa poitrine ses petites merveilles et s'endormit, au nez et à la barbe de tous, pour reprendre des force après cet effort qui était le premier mais certainement pas le dernier.
~
Pétronille avait onze ans. Maman s'était éteinte comme une bougie l'année dernière, et depuis peu une dame, Leena, s'était installée dans la boutique familiale. Oh, ce n'était pas une mauvaise dame, mais ça ne remplaçait pas maman.
Enfin, c'était Hisolda qui le disait. Pour Ezéchias, le plus jeune frère et seul garçon des quatre enfants Paperin, Leena faisait office de.
Pétronille s'en fichait. Pour elle, il n'y avait que sa petite sœur Mélys, et rien d'autre.
Mélys qui, un soir de pleine lune, sortit seule et sans prévenir dans la rue. On retrouva son corps deux jours plus tard, en plein centre-ville, par pure provocation sans doute. L'affaire fut vite étouffée. Pourquoi ? Oh, on ne pose pas de question, on baisse la tête et on oublie ce petit corps tout frêle sans main ni pied.
« Pétro ? hésita Hisolda en montant dans le repère de sa jumelle, c'est-à-dire un coin du grenier.
- Dégage, répliqua froidement Pétronille.
- Pétro, Ezé et moi, on est désolés...
- Hisolda, siffla-t-elle en se retournant face à sa sœur. Dégage.
La jeune fille s'avança et attrapa sa jumelle. Elles n'ont jamais été très proches, jamais comme devraient sans doute l'être les jumeaux, mais il fallait se soutenir, ne pas se laisser aller au désespoir. Hisolda enlaça Pétronille, fort, en pleurant.
- Pétro... On a jamais été les jumelles inséparables, comme on aurait du l'être. Mais je voudrais qu'on arrête de se faire la gueule, renifla-t-elle. Si tu veux pleurais, fais-le.»
Pétronille ne répondit pas, laissant de grosses larmes couler le long de ses joues.
~
Leena et le père, ils sont mariés depuis quelques années déjà. Ils ont eu même deux enfants. Deux jolis petits humains normaux : Théobald et Ysault. Oh, ils étaient bien gentils, mais la première fratrie Paperin restait à part. Ce sera l'un d'eux qui, de toute façon, héritera de la boutique. Pétronille ne se faisait pas d'illusion : elle n'avait ni la beauté d'Hisolda, avec ses beaux yeux noirs et ses cheveux de fée brou de noix aux éclats arc-en-ciel , ni la longévité d'Ezéchias, qui pourrait espérer vivre jusqu'à soixante-quinze ans. Non, tout ce qu'elle avait, c'était sa Voix Divine pour faire passer ses mensonges.
« À 'oi tu 'enses, 'ét'o ? demanda un jour Ysault en s'agrippant au châle de laine brun de sa grande demi-sœur.
- Laisse-moi, Ysault. Va jouer avec Ezéchias, hm ?
Pétronille fixait la fenêtre. Elle se leva soudainement, en faisant lâcher son vêtement à la bambine.
- Bien sûr ! Pourquoi je n'y ai pas pensé plus tôt ? s'exclama-t-elle.
La jeune fille ouvrit la fenêtre. Il faisait nuit ; si elle disparaissait, personne ne la chercherait, ou alors pas de suite. Parfait. La voilà, son échappatoire ! L'échoppe, pas pour elle de toute fois. Alors qu'avec sa Voix Divine... Elle pouvait s'ouvrir bon nombre de portes, dehors, à Vol-au-Vent !
Elle monta sur le rebord, et sauta pour atterrir cinq mètre plus bas sur les pavés.
- 'core ! 'core ! brailla la petite.
Alertée par le premier, Leena courut pour rejoindre sa fille.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-elle en entrant en catastrophe dans la petite pièce.
- 'ét'o elle a sauté ! 'core ! »
Sur le fauteuil de la rouquine, il y avait un mot. “ Je pars pour toujours. Ne me cherchez pas. Adieu. „