Vous voyez ? Dans les grandes lignes, je suis du style asperge, mais j'ai un visage encore enfantin. Les cheveux châtains clairs, comme ma mère ! Ils étaient très longs, jusqu'au bas du dos, quand j'avais une apparence adolescente… Puis mon cher cousin (famille nombreuse, accrochez-vous) me les a rasés. Charmant cousin.
Je suis pas musclé. A vrai dire, je travaille plus ma langue et ma tête que mon corps. Et je suis pas un gros mangeur. J'étais très gros quand j'étais petit. Mais vraiment énorme. Je me suis calmé sur la nourriture depuis quelque temps, à l'aide d'un sort de jeun. Aujourd'hui, je tiens plus du squelette que du colosse. Trêve de blabla sur ma « merveilleuse » silhouette, parlons…
… De mes yeux ? Frappez-moi, si vous le souhaitez. J'ai les yeux de mon père. Oui, c'est très viril d'avoir les yeux églantines, ou dans les mêmes teintes. J'ai un frère qui a les yeux très roses, et qui est très heureux ! Bon, il est albinos en même temps.
Passons au reste, voulez-vous ? Je pense que vous ne voulez pas que je vous parle de la longue cicatrice sur mon cou, l'histoire et longue et peu ragoûtante.

Non seulement je dois décliner mon identité et me décrire physiquement, mais en plus vous me demandez mon caractère ? J'espère pour vous que cette fiche ne parviendra jamais à vos supérieurs.
Je suis plutôt discret. Demandez à la personne derrière moi si elle a comprit notre conversation. Et confiez-moi tous vos secrets… Hm. Elga Ruard, 54 ans… Oh, des cors aux pieds, ah lala ma petite dame, c'est pas joli-joli tout ça. Et j'inspire facilement la confiance, vous voyez.
Je suis pas un mauvais bougre, j'ai juste un sérieux problème avec l'autorité familiale. Et pas que. Mais je sais être protecteur envers les plus jeunes. On m'a souvent dit que j'aurais dû faire professeur.
M'enfin, j'ai mon lot de défauts aussi. Je fume la pipe, beaucoup. De tout, vous savez, de l'herbe ramassée au bord du chemin à de l'opium. C'est pas très raisonnable, mais je ne le suis pas non plus. Je suis très désordonné aussi. Et, j'ai des fantasmes plutôt spéciaux. Ne prenez pas cette tête de six pieds de longs ! Je ne toucherais pas à votre dernier petit-fils ! Je suis un peu tordu, mais tout de même ! Ne confondez pas fantasmes et relations. Merci. Et oui, je me confesse tous les dimanches.

 
Je ne vais citer que quatre événements marquants, dans ma vie. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison de vous faire économiser de l'encre, ma petite dame. Vous voyez la file derrière moi ? Et je préfère être bref.
On va faire dans l'ordre chronologique, d'accord. Commençons par l'épisode de la balafre. Vous n' y couperez pas, je l'ai décidé.
Imaginez, un petit garçon. Petit et très gras. Tout bouffi de graisse. Avec les cheveux longs. Et dans des vêtements traditionnels. Voyez aussi deux bambins et un adolescent, et deux fillettes. Ce sont mes frères et sœurs. Je suis le gosse qui est gros.
Mes frères jouaient d'un côté avec des bouts de fer tranchants, mes sœurs de l'autre avec un service à thé en verre et des poupées. Moi ? J'étais solitaire, un peu le vilain petit canard.
Ma mère ne s'occupait pas de nous. Elle était en train d'accoucher de ma dernière sœur. Mon père ? Il faisait des enfants pour l'honneur et assurer la survie de la lignée. Il en avait rien à faire de nous.
Bref, représentez-vous ces petits. Vous les voyez ? Bien.
Imaginez qu'il commence à pleuvoir. Les petites filles se mettent à se plaindre du froid. Les garçonnets, eux, retroussent le nez et, fiers, guident leurs sœurs vers l'intérieur. Il n'y a que l'adolescent et le petit gros. Le deuxième ne veut pas bouger. Le plus vieux s'énerve et lui déchire les vêtements dans le dos avec son bout de ferraille, au niveau du cou. Je vous passe les détails, mais voilà l'histoire dans les grandes lignes.

Deuxième épisode, la potion de jeun.
J'ai trois sœurs à présent. On m'a forcé à boire un flacon. J'ai pas mangé pendant un moment, puis j'ai commencé à passer de gros goret à squelette. Bon, c'était court et bref. Episoooode suivant.

Pour la troisième partie, imaginez un adolescent du style asperge, avec des cheveux qui l'allongeaient. Imaginez également un gars, peu importe à quoi il ressemble. Le gars, c'est mon cousin, l'asperge, c'est moi. N'oubliez pas une fillette, mignonne et à l'air intelligent, elle est brune aux yeux violets ; c'est Tiopon, ma plus jeune sœur.
Mon cousin a toujours été pénible, bête, farceur. Ma tante, sa mère, lui avait offert une jolie paire de ciseaux pour son anniversaire. Elle m'a aussi félicité pour ma perte de poids, mais passons. Ma sœur, dans ses potions. Et ils me poursuivaient à travers le domaine où nous vivions pour que je sois leur nouveau cobaye. Je n'ai vraiment pas eu de chance, sur le coup : le reste de la famille était partie en promenade.
Je vous ai dit qu'on avait un chien ? Un gros molosse, gentil comme tout. C'est à cause de lui que je me suis fait attrapé. Il m'a sauté dessus en plein dans un virage. Mes poursuivants arrivèrent peu après. Je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé ensuite, mais je me suis retrouvé tout entortillé dans une corde, sur une chaise, dans une antichambre de la maison (famille riche, vous voyez le genre). Le cousin m'a empoigné les cheveux à la racine et me les a coupés mèche après mèche. J'en ai pleuré, mais pleuré sur le coup. Tiopon en a profité pour me faire avaler le contenu de son flacon louche.
Le lendemain, je me suis retrouvé chauve. Et j'ai remarqué que je pouvais modifier le souvenir que je laissais. Fin.

Quoi ? Je n'ai pas compris… Parlez plus fort…

Le quatrième épisode ? Mais, ma petite dame…
… C'est aujourd'hui !


Une seconde... Quoi ? Il faut que je vous dise le pourquoi du comment de ma vocation ? Comment l'expliquer...

A vrai dire, c'était il n'y a pas si longtemps que ça. Cette cité m'intéresse, et j'ai usé du merveilleux don que m'a gracieusement offert ma charmante sœur... Pour essayer d'infiltrer les hautes sphères de la Guilde. Je n'ai pas eu de chance, vraiment, à croire que la poisse me colle à la peau. Mais j'ai réussi à me faire pincer. Quelqu'un a dû noter mes allées et venues. Jusqu'à ce jour, je ne connais pas le coupable, mais je vous jure chère vous que je le... Remercierais grassement. Oui, grâce à lui, j'ai eu mon boulot. C'était soit ça, soit la mort. Le choix fut vite fait.

Mais, finissons-en au plus vite, ça s'impatiente derrière.

Vous boufferez cette fiche devant moi, d'accord ? Bon. Gardons notre calme.
Qu'est-ce que je peux ajouter sur ma petite personne ? Hm… Voyons voir…
Pourquoi l'espionnage, à la botte de la Guilde ? Mais, chère petite vieille pénible et aigrie, c'est tout évident ! La vie est si ennuyeuse si on la passe à couper du bois, à tisser, à broder ; bref, à vivre comme les honnêtes gens ! C'est plus palpitant quand on fait quelque chose d'interdit, avec cette angoisse de se faire prendre ! J'adore, ça m'excite… Hé ! Ne notez pas ça ! Je ne suis pas un détraqué sexuel !
Je dois aussi parler de ma capacité ? Bien, c'est simple. Vous vous souvenez de mon adorable petite sœur ? Pas Loisel, ni Rebra, et encore moins Nollquije. Non, Tiopon. Elle, c'est une ensorceleuse née. Envoûtante, intelligente… Ses mixtures n'ont pas leurs pareilles. C'était au début de ses expérimentations. Moui, c'était pas concluant à l'origine. Donc, j'étais là au mauvais endroit au mauvais moment : je me suis prit le contenu d'un flacon sur la tête. Résultat…

Bon, maintenant que j'ai parlé, voici un peu de sauce de tradition nymphe, un bout de cendre fumante… Soit vous brûlez ce torchon, soit je vous le bourre dans le gosier.