Contrairement à ce que les gens pensent de moi, de nous les voleurs, on ne passe pas notre temps à prévoir des plans pour dérober tel ou tel bijoux. Il nous arrive aussi d'acheter notre pain. Comme des citoyens normaux. Sauf pour les kleptomanes, mais eux ils sont un cas à part. Et puis moi ma spécialité ce n'est pas le vole à l'étalage. Je suis plus discrète. Et puis pourquoi piquer une miche de pain à un boulanger quand il suffit d'attendre qu'il se couche pour lui prendre sa caisse. Toujours est-il que lorsque je rentre dans cette boulangerie ce matin, ce n'est pas un crocheteur de talent qui fait son entrée. Non je suis tout simplement la femme d'un marchand aisé de la ville. Bon si ce matin je fais le tour des boutiques pour des achats, je regarde aussi les systèmes de sécurité. On ne sait jamais. C'est également ce que je fais en entrant dans la boulangerie. Et Ô miracle il y a plusieurs personnes qui attendent déjà. Bon déjà il tourne se magasin. Dans un coin de mon esprit je le classe en cible potentiel, j'en parlerais à mon époux ce soir en rentrant. Peut-être que cette gentille boulangère peut faire un don à la Guilde qui sait. Histoire de nous permettre de nous développer.

On avance d'un cran, comme le premier client ressort, moi je continue d'observer discrètement. Mais pas seulement la boutique, les personnes devant moi aussi. Ils ont l'air d'être plutôt aisés. Ce qui est intéressant pour moi et la Guilde. Ce sont tous des cibles possibles. Alors j'ouvre l’œil et le bon, j'espère. Un client de moins, bientôt mon tour. Encore un peu à patienter. Je me perd un instant dans mes pensées. Il y a quelques années, je n'aurais pas pu me payer une baguette et je n'aurais pas su comment la volée dans le magasin sans me faire prendre et aujourd'hui… aujourd'hui je repère les failles de sécurité assez facilement. Et il me semble qu'ici il y en ai plusieurs. Ou alors la sécurité est très bien cachée. Mais il n'y a qu'un seul moyen de le savoir. Il se pourrait que je revienne un soir après la fermeture. Mais pour ça il me faut une information très importante.

J'attends encore un peu et finalement le client juste devant moi quitte la boutique. Je m'approche alors du comptoir pour commander une miche de pain et quelques pâtisseries pour le dessert. Un rapide coup d’œil derrière moi et comme je suis seule j'engage la conversation. « Vous avez un sacré boulot dite-moi.Vous travaillez combien d'heure par jours ? »

Depuis ce matin, la boutique ne désemplie pas. Je ne sais plus où donner de la tête. "Une baguette bien blanche", "une baguette bien cuite s'il vous plait", "des pains au chocolats. Combien ? Ben j'sais pas moi, pour ma famille quoi !", "un fraisier s'il vous plait ? Comment ça il fallait commander ? Ah... Ben juste une baguette alors...". Les clients s'enchaînent et ne se ressemblent pas. Des personnes aisées qui se montrent bien supérieur à moi, des personnes très polie et très gentilles mais également assez timide, des personnes peu agréable... Ah que j'aime ce métier, passer d'une humeur à l'autre selon le client...

Ah, cela fait un moment que personne n'est entré, plus que 3 clients et j'aurai droit à une pause. Si ça continue comme ça, j'vais peut-être engagé une personne pour faire le service...
-Oh revoir madame, à demain !
Plus qu'une cliente. Depuis son entrée, elle regarde beaucoup autour d'elle et il me semble ne jamais l'avoir vu... Ma mémoire me ferait-elle défaut ?

- Vous avez un sacré boulot dite-moi.Vous travaillez combien d'heure par jours ?

Les clients qui font la causette sont rare ces temps-ci, peut-être qu'une autre conversation que "1 pièce d'or SVP, Merci" me ferait du bien...

- Oui, un sacré boulot comme vous dites. Je n'ai pas d'horaires fixe vous savez, je suis seule ici, en compagnie de ce nouveau chien, alors tant que des clients arrivent je les sers !

Ah ce petit chien... Je ne sais pas qui l'a déposé devant chez moi hier, mais il a bien fait. D'apparence peu agréable, il est doux comme un agneau avec moi mais a bien faillit arraché le bras d'un chapardeur ce matin... Il va m'être bien utile, sûrement plus que ces policiers incompétents !

- Et vous ? Que faites-vous ? Il ne me semble pas vous avoir déjà vu dans ma boutique, je me trompe ? Il est toujours agréable de voir de nouvelles têtes ! Oh et au fait, que désirez-vous ?

Un petit sourire et j'espère qu'elle reviendra souvent.

Bon sang, un chien. Je l'avait pas vu celui là. Dans un coin de ma tête je classe la boulangerie dans cible potentiellement dangereuse. Mais pour sauver les apparences je fais comme si de rien était. Et puis elle n'a pas d'horaire fixe, ce qui n'est pas pratique du tout. Puis c'est elle qui reprend la conversation. Ce que je fais ? Un rictus apparaît sur mes lèvres. « Et bien... moi je ne fais rien. Mon mari possède une boutique de décoration intérieur et extérieur. Alors j'ai la chance de ne pas avoir à travailler. » Enfin je travaille pas, je travaille pas… c'est vite dit. On rapporte plus de sous que la boutique en elle-même. Sauf que ce n'est pas vraiment ce que je vais aller lui raconter. Je reprend ensuite pour lui répondre. « Et non en effet je ne suis jamais venu ici. Je ne sors pas beaucoup en y repensant... »

je cherche encore rapidement ce que je pourrais lui prendre. « Une baguette et un vingtaine de viennoiseries, s'il vous plaît. » Pendant qu'elle s'occupe de me servir une idée me passe par la tête. Si je m'arrange pour être suffisamment proche d'elle, pour que son chien me connaisse et n'aboie pas après moi, je pourrais vider sa caisse sans problème. Je lui sers alors mon plus beau sourire. « Mais dite-moi. Si vous avez des horaires aussi flexible. Comment faites-vous pour avoir des amis, une vie sociale... » Ma question semble un peu brutale, mais elle n'en est pas moins légitime. Et puis de la réponse dépendra le fait que sa boutique puisse être cambriolée ou pas...

Une vingtaine de viennoiseries. Mince, avec tous les clients du jour il ne m'en reste que quinze, je répondrai à sa question après.
-Avez-vous un peu de temps pour patienter ? Je dois mettre les viennoiseries au four au elles devront y rester quelques minutes, il ne m'en reste que 15.
La cliente hoche la tête, et il n'y a personne derrière : ouf un peu de répit. Je m'excuse auprès de cette dame et me retourne vers la petite porte qui mène à l'arrière boutique. Instinctivement, mon nouveau chien s'est levé pour s'installer au niveau de la caisse. Il me sera réellement très utile ce chien, mais il ne faudrait pas qu'il attaque cette cliente innocente, je vais garder un oeil dessus. Il faudrait aussi que je lui trouve un nom, parce que l'appeler "le chien" n'est quand même pas le mieux à faire. Un fois les viennoiseries mises au four, je reviens dans la boutique en pensant à ce que je vais répondre à sa question... dur dur.

- Concernant ma vie sociale, je vois énormément de personnes tous les jours vous savez. Je connais au moins la moitié du quartier et je sais ce que chacun prend chaque jour. Pour les amis... Je suis plutôt solitaire alors ça ne me manque pas.
Eh mince... Je viens de dire que je n'étais pas quelqu'un de sociable... Pas très malin pour garder une cliente potentielle... Aller, j'affiche mon plus beau sourire et je ne perds pas la face.

- Votre mari travaille pour vous deux dîtes vous ? C'est agréable d'avoir tout ce temps libre ? Parfois je me dis que des vacances me feraient du bien, mais qui tiendrait la boutique durant mon repos ?

Un client entre, Sir Vienny. Une baguette et un gâteau à la fraise : comme toutes les semaines. Je vais le servir, puisque les viennoiseries ne sont pas encore prête.
- Bonjour Sir Vienny, vous venez chercher votre baguette et votre gateau ?
Un hochement de tête inutile de sa part puisque je connais sa réponse, et le tout est déjà emballé.
- 5 Pièces d'or s'il vous plait.
Comme à son habitude, il m'en a donné 6 et me dit que c'est pour mon joli sourire... Et me voilà aussi rouge que mon fraisier...
- Merci à vous, à bientôt.
Me voilà rouge et devant faire la conversation à une cliente en attendant que mon instinct m'indique que le tout est cuit...